Urgence climatique : quelles solutions pour protéger les coraux à travers le monde ?
99% des coraux ne résisteront pas au changement climatique. Les solutions se multiplient pour sauver cette espèce sous-marine.
Les récifs coralliens sont menacés partout dans le monde. Pour les protéger, les scientifiques et ONG explorent plusieurs pistes : tissu organique imitant la structure des coraux, étude des différentes espèces, reproduction en laboratoire, etc.
Le premier One Summit consacré à la protection des océans a ouvert ses portes le 9 février à Brest. Ce rendez-vous international de grande envergure était axé autour de la nécessité de préserver les océans et les écosystèmes marins.
Parmi les espèces sous-marines les plus menacées, les récifs coralliens figurent en haut de la liste. Essentiels à la biodiversité et à la santé humaine, les récifs coralliens sont durement éprouvés par les vagues de chaleur marines, de plus en plus récurrentes sous l’effet du changement climatique. La hausse des températures des eaux entraîne un phénomène d’acidification des océans, générant ainsi un stress thermique important aux coraux (qui se manifeste à terme par le blanchiment, soit la mort de ces récifs).
Selon une étude publiée le 1er février dans la revue PLOS Climate par des chercheurs et chercheuses de l’université de Leeds, 99% des coraux du monde entier ne résisteront pas au changement climatique. L’une des solutions les plus urgentes pour protéger les coraux consiste bien sûr à réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre.
Étudier les différentes espèces de coraux pour mieux les comprendre
Mais d’après la recherche conduite par les scientifiques de l’université de Leeds, respecter l’objectif le plus ambitieux de l’Accord de Paris (maintenir la température de la planète en dessous de 1,5 °C) ne suffira pas à assurer la survie des coraux. « Il faudra plutôt promouvoir l’adaptation à des températures plus élevées et faciliter la migration pour garantir la survie des récifs coralliens », estiment les auteurs et autrices des travaux.
Un point de vue qui reprend le postulat de plusieurs recherches scientifiques déployées ces dernières années dans le monde pour assurer la protection des coraux. Des biologistes de l’université du Wisconsin-Madison ont notamment publié des travaux début 2022, dans lesquels elles et ils ont étudié la structure squelettique de trois espèces différentes de coraux afin de déterminer laquelle résiste le mieux au phénomène de l’acidification des océans.
Les scientifiques ont découvert que cette résistance pouvait être liée à la vitesse de cristallisation du squelette du corail, composé de carbonate de calcium amorphe. Plus la structure osseuse se cristallise, plus elle est susceptible de résister à l’acidification des océans.
L’une des autres pistes suivies par les scientifiques pour augmenter la résistance des récifs coralliens pourrait se trouver dans leur microbiome. C’est ce que suggèrent deux chercheuses américaines de l’université Penn State, qui ont identifié des microbes potentiellement capables de renforcer les réactions d’espèces de coraux au stress thermique.
De la dentelle pour imiter les coraux
Sur le terrain, des plans de sauvetage sont financés pour protéger les récifs coralliens. Une solution qui consiste en premier lieu à protéger les zones sous-marines dotées de coraux des activités humaines susceptibles de leur nuire, comme la surpêche ou le tourisme de masse. En 2021, la Thaïlande a notamment décidé de bannir les composants chimiques et toxiques pour la faune marine dans les crèmes solaires, emboîtant ainsi le pas aux Iles Palaos et à l’État d’Hawaï.
Un autre angle d’attaque consiste à recouvrir certains récifs de tissus organiques et biodégradables imitant la composition des coraux. Une expérimentation est actuellement menée en Guadeloupe. L’idée est de créer des filets destinés à fournir un refuge aux œufs de coraux pour les fixer et les protéger des prédateurs. L’ONG Ocean Quest Global a quant à elle développé une méthode de boutures visant à réhabiliter l’habitat naturel des récifs.
Une récente mission d’exploration soutenue par l’Unesco laisse toutefois entrevoir de l’espoir. Les plongeurs ont découvert des récifs coralliens très rares, immergés à plus de 30 mètres de profondeur sur l’île de Tahiti. Leur particularité ? Ils sont en parfaite santé.
L’une des raisons pour lesquelles ces récifs ont été épargnés par le réchauffement climatique pourrait justement être liée à la profondeur à laquelle ils sont immergés. Des capteurs de température ont été déposés dans la zone des coraux identifiés, afin de mieux comprendre comment et pourquoi ces récifs ont résisté au changement climatique, ainsi que dans l’espoir d’en trouver d’autres.