Un jeune tunisien vient de fabriquer une voiture à air comprimé
Un jeune tunisien vient de fabriquer une voiture à air comprimé
Un jeune ingénieur tunisien, Rouslen Hammami, diplômé de l’Ecole nationale des ingénieurs de Tunis (ENIT) en juin 2021), vient de fabriquer et de présenter, pour la première fois dans le pays, une voiture à air comprimé, en projet de fin d’étude (PFE).
L’agence TAP a fait un portrait de ce jeune prodige de 24 ans originaire de Menzel Bouzelfa au Cap Bon qui écrit-elle pour un coup d’essai a réussi un coup de maître.
Il a fabriqué ce petit véhicule à trois roues, dans l’objectif de réduire les émissions des gaz toxiques dans le domaine du transport, secteur le plus énergivore en Tunisie, avec la consommation de 36% du total de l’énergie finale.
« L’utilisation de la technologie d’air comprimé dans le domaine du transport est apparue depuis le 19ème siècle, mais en Tunisie c’est une première. L’utilisation de cette voiture, d’une vitesse de 40 km /h, serait utile dans les zones urbaines et les plus polluées ou encore dans les hôpitaux et les endroits dangereux », explique Rouslen.
Rencontré à l’ENIT, fief de l’ingénierie tunisienne, dont la qualité de l’enseignement fait toujours la fierté de l’université tunisienne dans le pays, comme à l’étranger, Rouslen, était accompagné de ses encadreurs Hédi Kourda et Soufiène Kourda. Les deux hommes portent le même nom, mais sans lien de parenté entre eux.
L’idée de fabriquer une automobile a énergie propre, vient de son professeur et encadreur, Hédi Kourda, « Lorsque Rouslen m’a sollicité pour avoir une idée de projet, je lui ai proposé, le stockage de l’énergie sous forme d’air comprimé », affirme le professeur, qui est également, directeur du laboratoire des systèmes électriques à l’ENIT.
Major de promotion technique, avide de connaissance « Rouslen a beaucoup aimé le projet, et a pu le réussir, grâce à sa curiosité, son habilité et à toutes les connaissances acquises durant son parcours».
Dans son projet « Rouslen a concrétisé les aspects de l’économie circulaire, en inventant son véhicule à partir de la récupération des sous-systèmes usagés » note de son côté, l’encadreur financier ou bailleur de fond du projet Soufiène Kourda.
Le jeune ingénieur a créé lui-même les composantes de ce véhicule, qui est une industrie à part, moyennant un budget dérisoire de seulement 2000 dinars», souligne d’un ton satisfait, ce deuxième encadreur financier propriétaire d’une entreprise spécialisée dans les énergies renouvelables. Il se dit content et fier de cette réussite et de ce jeune ingénieur polyvalent capable d’aller vers d’autres horizons.
Les deux encadreurs et leur étudiant viennent de soumettre à trois et aux autorités une demande de Brevet d’inventeur pour ce projet.
Actif également, dans la vie associative, Rouslen a pu profiter du local du comité du Croissant rouge tunisien de Menzel Bouzelfa, dont il est le secrétaire général, pour fabriquer sa voiture, consacrant quatre mois et demi, à détacher des pièces collectées à partir des ferrailles, pour monter, avec l’aide de son père et son appui moral et financier, les mécanismes de cette voiture.
Quant à sa mère, elle est d’après Rouslen « la première personne qui a eu confiance en moi et m’a incité à se lancer dans ce projet, et de courir le risque. » Quant à sa voiture, Rouslen explique avec simplicité son fonctionnement : « pour obtenir l’air comprimé et faire marcher l’engin, nous avons besoin d’électricité, qui sert à faire fonctionner le compresseur, grâce auquel on alimente le réservoir du véhicule ».
En adepte de l’énergie propre, Rouslen affirme qu’il « est préférable de produire l’électricité à partir des panneaux photovoltaïques, que d’utiliser l’électricité produite par la STEG, cependant, cette dernière demeure généralement, moins énergivore à hauteur de 50%, par rapport aux véhicules à essence et à gasoil ».
Il souligne également, la possibilité d’utiliser un compresseur pour gonfler les pneus des autos, des motos et des vélos, comme il a procédé pour mettre en marche sa voiture.
Rouslen n’a pas pu faire à l’agence TAP, une démonstration du fonctionnement de la voiture, affirmant d’un ton déçu que « depuis la dernière fois que j’ai utilisé le compresseur de gonflement des pneus, aucune station-service n’a accepté de me rendre ce service. »
Le projet de Rouslen, a, cependant, suscité l’intérêt des entités privées en Tunisie qui ont manifesté leur disposition à y investir et le développer davantage.
Si aucune entreprise tunisienne n’a exprimé son intérêt pour cette voiture propre, le jeune inventeur « a eu des contacts avec une société étrangère ».
Intelligent et ambitieux Rouslen, a tiré la même leçon que des dizaines de compétences l’avaient fait avant lui : « À partir de cette expérience, j’ai réalisé qu’il est pénible de concrétiser ses idées en Tunisie », dit- il, non sans regret.