Éducation et culture pour tous : retour sur un festival de musique pas comme les autres
Début septembre, le VYV Festival a fait son grand retour à Dijon. Zoom sur un évènement musical solidaire et engagé.
Défendre l’accès à l’éducation et à la culture pour tous et pour toutes était l’une des missions du VYV Festival.
Près de 15 000 personnes ont pu se rendre cette année à la deuxième édition du VYV Festival, qui avait lieu du 2 au 5 septembre au parc de la Combe à la Serpent, à Dijon. Jeunes, étudiantes et étudiants, famille avec enfants, loups solitaires… Le public était diversifié pendant ces festivités portées par une programmation musicale pouvant aussi bien satisfaire les passionnés du rap de PLK que les adeptes d’une chanson française mélancolique à la Pomme en passant par le rock de Last Train.
Mais dans un contexte social et économique où les inégalités se creusent depuis un an et demi, il était important pour les organisateurs du festival de sensibiliser son public à plusieurs thématiques. Et notamment celle de l’accès à l’éducation et à la culture pour tous et pour toutes.
Valoriser l’art des personnes handicapées et des street artistes
Lors du parcours solidaire imaginé par le VYV Festival, les spectateurs et spectatrices ont ainsi pu faire la connaissance de plusieurs structures et associations œuvrant pour cette cause. À côté des joyeuses et souriantes cuisinières des Cocottes solidaires, plusieurs chevalets interpellent le regard des passantes et des passants. Stand dépourvu de personnes pour expliquer l’initiative, il faut s’en tenir aux informations glanées sur les flyers disposés sur un présentoir. On y apprend que cet espace a été baptisé « L’Art pour le Dire » et qu’il est géré par la Mutualité Française Bourguignonne – Services de Soins et d’Accompagnement Mutualistes. Sa mission ? Permettre à des personnes en situation de handicap et des personnes fragilisées de tous horizons de s’exprimer par l’art et de voir leurs œuvres promues, valorisées et diffusées.
Plus loin, le stand de St’Art, une application créée pour « découvrir des œuvres de street art », expose vingt-cinq photographies d’œuvres imprimées sur toile. Boris Regragui, cofondateur de l’application avec Aurélien Mann et Bertrand Catrin, explique que cet outil numérique a été pensé comme pour être « un pont entre les amateurs d’art et les artistes ».
Concrètement, une fois l’application téléchargée, vous pouvez vous géolocaliser, découvrir les œuvres autour de vous et obtenir des informations sur l’artiste l’ayant réalisée. Si l’application est gratuite, c’est bien dans le but de permettre à tous et à toutes de découvrir cette expression artistique qu’est le street art. Participative, l’application permet aussi aux personnes l’ayant téléchargée d’ajouter des œuvres n’étant pas encore référencées dans l’outil en les prenant simplement en photo.
Ainsi, pendant le festival, les 25 photos exposées, avec l’accord des artistes, ont été prises par des utilisateurs et utilisatrices de St’Art. Outre cette exposition, les festivalières et festivaliers ont aussi pu, pendant toute la durée des festivités, découvrir des artistes en pleine démonstration de leurs talents, tel que Serba, présent le vendredi.
Une vision à 360°
En poursuivant le parcours du Chemin des Beaux Jours, impossible de ne pas tomber sur ce drôle de terrain de football aménagé par le Cécifoot Racing Club de Lens. Là, des festivaliers et festivalières tentent de frapper dans un ballon, les yeux bandés. Un homme, Eric Guilbert, les guide avec sa voix. Responsable de la communication du Cécifoot, le coach du jour explique le principe de cette pratique à part entière du football, adaptée aux personnes déficientes visuelles.
« C’est un sport qui se joue à cinq contre cinq joueurs, dont quatre non-voyants et un gardien de but. Une personne installée derrière le but adverse guide aussi les joueurs par la voix. » Arnaud Druon, joueur du club, est venu participer aux ateliers de sensibilisation pendant le festival. « On intervient régulièrement dans les écoles, les entreprises et les clubs de foot pour sensibiliser au handicap », précise-t-il avant d’ajouter que ces ateliers sont essentiels « pour faire connaître la discipline et permettre à des personnes touchées par le handicap d’exercer ce sport. Car beaucoup de gens ne savent pas qu’il existe », assure le jeune homme, qui a lui-même pris connaissance du Cécifoot quelques années après avoir perdu la vue.
Les valeurs portées par le Cécifoot incarnent à elles seules celles revendiquées par tout le festival : l’accès au sport pour tous et pour toutes mais aussi l’inclusion ou encore le bien-être par la pratique sportive. C’est une vision à 360° de l’engagement, que l’on retrouve aussi dans bien des aspects du VYV Festival, notamment par son accès facilité aux personnes handicapées mais aussi à travers plusieurs opérations menées en interne, comme l’explique Pierre Clément, directeur général du festival. « Avec La Dictée pour Tous, nous avons organisé un événement à Dijon et huit jeunes ont ainsi pu remporter des places pour le festival. »
Une initiative à saluer dans un contexte économique où certains foyers ne peuvent plus se dégager du budget pour soutenir les arts et la culture. Un autre champ de bataille porté par l’artiste et chanteuse Yseult lors de son passage au festival : « Si on est là, c’est grâce à vous ! » Alors, merci.