Ikonikat : avec cette application, les chercheurs veulent mieux comprendre notre regard sur l’art
Qu’est-ce qui attire notre attention sur une œuvre ? La réponse varie en fonction des individus. Cette application cherche à comprendre.
Il y a mille et une façons de regarder une œuvre d’art. C’est pourquoi le CNRS a développé l’application Ikonikat pour mieux comprendre le cheminement de notre regard dans une toile. Explications.
Qu’est-ce qui attire votre attention dans « Le sacre de Napoléon » ? La mère de l’empereur, Letizia Bonaparte, au milieu du tableau ou le discret ambassadeur d’Istanbul, tapis dans la pénombre à droite ? La réponse varie en fonction des individus. À tel point que des chercheurs ont décidé de les recenser au sein d’une même application.
Ikonikat a été créé et imaginé par Mathias Blanc, de l’Institut de recherches historiques du Septentrion et de la Fédération de recherche Sciences et cultures du visuel. Elle permet d’identifier ce que sélectionne notre regard face à une œuvre d’art. Il suffit d’entourer ou de surligner les éléments picturaux qui nous « tapent à l’œil » au fur et à mesure que son regard la parcourt. Selon le CNRS, ces tracés permettent aux chercheurs de savoir si l’attention d’un visiteur se porte sur les éléments considérés comme primordiaux par les experts de l’art ou si elle se concentre sur d’autres aspects des œuvres.
Une question de point de vue
Cette application a déjà été utilisée sur tablette en 2017, lors d’expositions au Louvre-Lens et au Palais des Beaux-Arts de Lille. Différents visiteurs se sont alors prêtés à l’exercice, montrant à quel point nos regards sur l’art divergent. La preuve avec « La Laitière » de Vermeer. Des élèves de CM2 et leurs professeurs se sont servis d’Ikonikat pour indiquer les éléments et lignes de force de la toile qui attirent leur regard. Si les adultes se focalisent d’abord sur la laitière, les enfants ont tendance, eux, à se concentrer sur le pot et les mains du personnage, comme le rapporte le Journal du CNRS.
Ikonikat est maintenant disponible sur la plateforme des MOOC culturels de la Fondation Orange. Le but ? Permettre à l’application de toucher un public très large et obtenir de nombreuses données scientifiques. Le chercheur Mathias Blanc et Pimenko, l’agence de production eLearning qui intervient dans la production des MOOC de la Fondation, ont fait évoluer l’outil pour l’adapter à l’expérience d’un internaute. Il suffit de s’inscrire sur le site de l’organisation pour l’essayer en ligne.
Christine Vaufrey, directrice associée de Pimenko, encourage tous les amateurs d’art à découvrir l’application par eux-mêmes. « Participer à cette activité, c’est la fierté de donner votre regard et votre doigt à la science… et le plaisir d’en savoir plus sur les multiples manières de regarder un tableau », a-t-elle déclaré dans un communiqué.